Mon désir

Une maison nommée désir

Nicola Giovannini

Un héritage peut parfois bouleverser une vie bien tracée.

C’est ce qu’a ressenti le photographe franco-belge Serge Anton en recevant cette maison familiale construite il y a cent ans par son arrière-grand-père.

Située à la limite orientale de Sedan, au coeur des Ardennes françaises, son ancêtre la baptisa « Mon Désir », comme l’atteste une inscription en façade.

 

« Au départ, confie Serge Anton, je n’étais pas particulièrement inspiré par ce nom et puis j’ai trouvé qu’il avait pleinement sa pertinence. L’important dans la vie, c’est d’avoir des désirs. Après 30 ans de voyages à travers le monde, j’ai pris conscience que cette maison incarnait une envie, un désir propre et fort. Celui de me poser et de retourner à mes racines. »

 

Cette petite maison du siècle dernier, à la silhouette simple et pure, ne fait que 65 mètres carrés au sol. Son plan classique, composé de petites pièces étriquées, correspondaient à un mode de vie d’une autre époque.

Serge Anton, photographe passionné d’architecture et designer, choisit d’en superviser les travaux d’aménagement et de décoration.

 

« Quand j’ai pris possession de la maison, l’imaginer d’une autre manière fut un exercice difficile, explique-t-il. Je me suis assis sur un tabouret pendant de longues heures pour comprendre le lieu et saisir son potentiel. »

 

Après un long travail de réflexion, il décide d’abattre les murs non porteurs et de créer de grands volumes à peine cloisonnés où cuisiner, recevoir et paresser se feraient en toute fluidité.

 

« Optimiser chaque recoin et imaginer une circulation intelligente qui rende confortable la vie quotidienne fut mon leitmotiv. »

 

L’autre idée forte de ce chantier est d’ouvrir la maison au maximum sur le jardin boisé de près de 1000 mètres carrés avec une vue poétique sur le lac de Sedan. Les anciennes fenêtres à petits carreaux sont remplacées par des ouvertures vitrées qui drainent la lumière extérieure.

De pièce en pièce s’y encadre le paysage alentour. Passionné par les matières naturelles, Serge confie à la firme L’Ocrier le soin d’habiller les murs de chaux hydraulique et le sol d’un micro-béton – un matériau composite mêlant chaux, poudre de marbre, ciment et quartz –, tous deux d’une teinte gris chaud.

Des meubles contemporains aux lignes épurées complètent le décor : tabourets en noyer et fauteuils d’Ethnicraft, chaises Feelgood Design, table ronde de Heerenhuis…

 

« Dans un même esprit, ajoute Serge Anton, j’ai dessiné de fines étagères en métal enduites de micro-béton pour créer des niches qui font tout le tour de la pièce. Dans celles-ci se logent objets insolites, vaisselle et lampes chinéslors de voyages ou sélectionnés chez Atmosphère d’Ailleurs. Les banquettes latérales contribuent aussi à alléger l’espace et à accentuer la sensation de profondeur ».

 

A l’étage, les trois chambres arborent une identité chromatique inspirée par la nature environnante : brun terre, vert nature et bleu ciel profond. Chacune dispose également d’un bureau et de tablettes de rangement en bois et métal conçus par la manufacture de design Dirk Cousaert et dessinés en collaboration avec le propriétaire des lieux.

 

« Sensible à l’art de vivre du wabi-sabi, conclut ce dernier, j’ai une prédilection pour les matières brutes, dont la beauté intrinsèque réside précisément dans l’imperfection ou la rusticité. De l’érosion naissent des formes et des textures à l’élégance intemporelle ».

 

“Mon Désir” répond à cette quête : un écrin propice à la quiétude et en osmose avec la nature ou, comme le disait si bien Shakespeare dans sa pièce “Comme il vous plaira”, à « cette existence à l’abri de la cohue publique qui révèle des voix dans les arbres, des livres dans les ruisseaux qui coulent, des leçons dans les pierres, le bien en toute chose. »

Un projet de Serge Anton – Crédit photo @Sergeanton

Design stereo.agency

Un projet de Serge Anton – Crédit photo @Sergeanton

Design stereo.agency